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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 23:21

Le Sénat a adopté le 8 novembre 2012 la proposition de loi, déposée en 2002 à l’Assemblée nationale mais très controversée, « relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ».

Tous les sénateurs de gauche (soit 181 voix) ont voté pour ce texte alors que ceux de la droite ont voté contre (155 voix). La majorité sénatoriale a réussi à faire passer ce texte en recourant à une méthode critiquable tout en visant un objectif inavoué.

Une méthode critiquable pour un objectif inavoué

La gauche a exhumé une proposition de loi vielle de plus de 10 ans, adoptée en 2002 par l’Assemblée, sans doute pour éviter un nouvel examen par les députés et un débat qui aurait pu être fatal au texte. Les promoteurs de ce texte ont également avancé son examen au 8 novembre, initialement prévu le 26 novembre au Sénat, pour apparemment prendre de court des associations de rapatriés qui envisageaient de lui manifester leur hostilité.

Mais toute cette démarche visait à atteindre un objectif difficilement avouable : la préparation du voyage du président de la République en Algérie, prévu en décembre prochain, en vue de s’attirer les bonnes grâces des dirigeants algériens, car on imagine mal que ce texte passe au Sénat sans l’aval de l’Elysée. La reconnaissance du 19 mars comme journée de commémoration est un signal aux autorités algériennes au même titre que l’hommage rendu aux victimes algériennes de la manifestation du 17 octobre 1961.

Mais au-delà de la méthode employée et de l’objectif poursuivi, ce texte, contrairement à ce qu’affirme son rapporteur Alain Néri, divise les Français et les associations patriotiques, et met en colère les harkis parce qu’il est inutile et ignorant de leur drame. Néanmoins, ils espèrent légitimement que la France les traite mieux à l’avenir.

Un texte inutile qui occulte le drame des harkis…

Le texte est inutile puisqu’il existe déjà une journée d'hommage consacrée aux seuls morts pour la France pendant la guerre d'Algérie, instituée en 2003. Cette journée a été fixée au 5 décembre, date neutre, choisie sur la base des travaux de la commission présidée par l’historien Jean Favier, pour apaiser et réconcilier toutes les mémoires. Cette date correspond au jour d’inauguration du mémorial érigé à Paris et consacré aux militaires français tués pendant le conflit. De plus, une loi votée en janvier dernier fait du 11 novembre la journée de commémoration de tous les morts pour la France.

Il n’était donc pas opportun d’ajouter une journée supplémentaire de commémoration dans un calendrier déjà surchargé, qui méritait tout au contraire d’être allégé, comme le suggérait déjà en 2008 le rapport de la commission de réflexion sur la modernisation des commémorations publiques présidée par l’historien André Kaspi.

L’adoption du texte ignore complètement le drame vécu par les harkis et les pieds-noirs. En effet, si le cessez-le-feu du 19 mars a mis un terme aux opérations militaires, il n’a pas mis fin aux violences qui se sont intensifiées dès le lendemain. Pour les pieds-noirs et les harkis, le 19 mars 1962 ne marque pas la fin de la guerre, mais le début d’un long calvaire doublé d’une épuration ignoble et systématique. Ainsi, quelques 25 000 européens sont assassinés ou enlevés et près de 150 000 harkis, désarmés, abandonnés et livrés aux représailles du FLN,  furent massacrés, en dépit des accords d’Evian censés les protéger.

Pour les harkis et les pieds-noirs, le 19 mars est synonyme de souffrances, et pour tous les Français c’est une défaite. Retenir cette date pour commémorer la fin des combats en Algérie ne peut que raviver leurs blessures, nuire à l’apaisement des mémoires et diviser davantage l’opinion publique française.

C’est surtout un manque de considération, voire une marque de mépris, pour les harkis qui ont combattu pour la France, qui vient de les trahir une seconde fois, 50 ans après la fin de la guerre d’Algérie.

…qui espèrent toujours que la France saura mieux les traiter à l’avenir.

L’adoption de la proposition de loi relative au 19 mars ne fait que confirmer le traitement injuste infligé aux harkis depuis leur abandon en 1962.

Au-delà des conditions déplorables dans lesquelles ils ont été accueillis et logés pendant plusieurs dizaines d’années, les harkis ont longtemps été ignorés sur le plan de la mémoire et privés d’une véritable reconnaissance par les responsables politiques français.

C’est ainsi que, dans le domaine des dénominations de voies par exemple, des centaines (voire des milliers) de municipalités possèdent des rues, des squares et autres places du 19 mars 1962, alors que seules deux communes sur les 36 800 que comptent la France ont osé inaugurer des rues des harkis. C’est insuffisant et tout à fait déplorable malgré le lourd tribut payé par les soldats d’origine nord-africaine dans tous les conflits dans lesquels la France  s’est trouvée engagée depuis la campagne de Crimée.

Nous espérons que tous ceux qui ont imposé le 19 mars mettront autant de conviction et d’énergie pour rendre justice aux harkis et faire en sorte que des rues soient dénommées en hommage aux harkis dans leurs communes, avant peut être de proposer un texte qui reconnaisse qu’ « il y a cinquante ans, la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s’étaient placés sous sa protection, ceux qui l’avaient choisie et qui l’avaient servie ».

 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 20:50

Une vieille rengaine parlementaire

Un groupe d’élus communistes a déposé le 10 octobre 2010, par l’intermédiaire de M. Jean-Jacques Candelier, une « proposition de loi relative à la date anniversaire du cessez-le-feu survenu en Algérie en 1962 » et ayant pour objet de reconnaître « le caractère de journée nationale du souvenir et du recueillement à la journée du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu survenu en Algérie en 1962 ».

Curieusement, en même temps, est déposée au Sénat (le 12 octobre 2012), à l’initiative de M. Guy Fischer (groupe communiste) une autre proposition de loi devant faire du «19 mars la journée nationale de recueillement et de mémoire en souvenir de toutes les victimes de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc».

Ce n’est pas la première fois que des parlementaires montent au créneau pour faire reconnaître officiellement la date du 19 mars 1962 comme journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes militaires et civiles de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie.

Ainsi, depuis 2000, pas moins de 14 propositions de loi ont été présentées à l’Assemblée nationale et 2 au Sénat pour officialiser le 19 mars.

Ces initiatives n’ont d’autres but que de faire plaisir à la FNACA, qui s’acharne à vouloir imposer le 19 mars comme date de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie, au mépris de la vérité historique et des souffrances des harkis et des pieds-noirs, pour qui la guerre ne s’est pas arrêtée le 19 mars 1962.

…que les harkis n’apprécient guère

Les harkis sont farouchement opposés à la commémoration de cette date, et à toutes les initiatives qui tendraient à officialiser le 19 mars comme date de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie.

On peut comprendre que le 19 mars constitue pour de nombreux appelés du contingent une date mémorable, comme on peut comprendre que les Algériens le commémorent, s’agissant de leur victoire.

Mais pour les harkis et les pieds-noirs, cette date a une autre signification : c’est, après le désarmement et l’abandon par la France, le début d’un long calvaire et de nombreux massacres.

Pour eux, le 19 mars est synonyme de souffrances, et pour tous les Français c’est une défaite et une défaite ne se célèbre pas. Retenir cette date pour commémorer la fin des combats en Algérie ne peut que raviver leurs blessures, nuire à l’apaisement des mémoires et diviser davantage l’opinion publique française.

En tout état de cause, les harkis, respectueux de la loi, se souviennent de leurs camarades morts aux combats en Algérie, chaque 5 décembre, date retenue et acceptée par les principales associations d’anciens combattants comme journée nationale d’hommage aux morts d’Afrique du Nord.

Alors, pourquoi en rajouter une couche et s’imaginer que François Hollande sera le premier président de la Vème République à officialiser le 19 mars ?

 

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 18:18

Une journée instituée en 2001 et officialisée en 2003 par Jacques Chirac…

Chaque année depuis 2003, le 25 septembre, la France rend hommage aux anciens harkis et autres membres des formations supplétives.

Le 25 septembre a été institué par Jacques Chirac comme « journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives, en reconnaissance des sacrifices qu’ils ont consentis du fait de leur engagement au service de la France lors de la guerre d’Algérie ».

Ainsi, en application du décret du 31 mars 2003, une cérémonie officielle est organisée tous les ans à Paris dans la cour d'honneur des Invalides, et des cérémonies analogues ont lieu dans chaque département dont l’organisation est confiée au préfet.

Cette année, la cérémonie du 25 septembre 2012 était présidée par Kader Arif, ministre chargé des anciens combattants, qui a prononcé à cette occasion un message du président de la République, absent en raison de l’assemblée générale de l’ONU à New York.

François Hollande a ainsi affirmé : « Il y a 50 ans la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s'étaient placés sous sa protection, ceux qui l'avaient choisie et qui l'avait servie », ajoutant que « la France se grandit toujours lorsqu'elle reconnaît ses fautes ». De même, il a déclaré : « …il importe que la vérité soit dite, que les leçons en soient retenues et que les conclusions en soient tirées ».

…qui a aujourd’hui beaucoup perdu de son éclat et de son intérêt.

Aujourd’hui, cette journée censée témoigner la reconnaissance de la France à l’égard des harkis, ne semble plus intéresser grand monde ni déplacer les foules.

D’abord, parce que nos dirigeants ne s’y pressent guère : Nicolas Sarkozy, bousculé par le calendrier électoral, a attendu la dernière année de son mandat pour y paraître, et François Hollande a brillé par son absence, retenu, il est vrai, par l’assemblée générale de l’ONU. Mais il est vrai aussi qu’il aurait pu dépêcher le premier de ses ministres pour appuyer son message et rassurer.

Ensuite, parce que, dans les départements, les autorités officielles se donnent peu de peine pour associer les harkis et fédérer le monde combattant autour de cette cérémonie. Mais il est vrai qu’ils sont peu aidés dans la mesure où le nombre des anciens harkis s’est considérablement réduit et que leurs descendants sont régulièrement écartés au prétexte qu’ils n’ont aucune légitimité à représenter leurs parents.

Au final, il ressort que cette commémoration mobilise beaucoup d’énergie et de moyens au regard du peu de monde qu’elle déplace. Pire, l’hommage que l’on veut rendre aux harkis passe complètement inaperçu aussi bien à Paris qu’en province.

Compte tenu du nombre de harkis encore vivants, ne vaudrait-il pas mieux supprimer les cérémonies locales et organiser un seul hommage national à Paris ? Cela permettrait une meilleure visibilité de ces soldats qui ont combattu pour la France et dont beaucoup sont morts pour elle et souvent à cause d’elle.

Et à défaut d’être visibles, nous ferions faire à l’Etat des économies…et ce ne sera pas la première fois.

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 10:39

Monsieur Kader Arif, ministre chargé des anciens combattants, a reçu le 18 septembre dernier, les représentants des associations d’anciens harkis pour faire un point sur leurs attentes et préoccupations.

Après avoir précisé que le dossier des harkis relevait des attributions de plusieurs ministères  et que sa marge de manœuvre est ainsi limitée, Monsieur Arif a livré sa propre analyse des problèmes rencontrés par les anciens harkis et fourni des pistes de réflexion et d’action.

Le ministre a identifié quatre dossiers prioritaires…

Le ministre a ainsi identifié quatre points qui lui paraissent essentiels :

1 - La mémoire

Il a indiqué que les harkis étaient absents de la mémoire collective et qu’il fallait travailler pour y remédier, tout en se disant opposé à une mémoire officielle.

La guerre d’Algérie étant un sujet sensible, il insiste sur la nécessité de travailler avec les historiens et tous les acteurs de cette guerre pour écrire dans un climat apaisé une histoire objective et réhabiliter les harkis dans la mémoire collective de notre pays.

Ce travail d’histoire et de mémoire pourra être confié à la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie, installée en octobre 2010.

2 - La reconnaissance

Le ministre a indiqué qu’il travaillait en étroite collaboration avec le premier ministre et une équipe du président sur la question de la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le drame des harkis.

Cependant, tout en précisant que la reconnaissance ne saurait être confondue avec la responsabilité, il a déclaré être opposé aux lois mémorielles et à la repentance, mais favorable à un travail de vérité sur la guerre d’Algérie.

3 - L’emploi

Monsieur Arif a proposé de traiter le problème de l’emploi à travers plusieurs dispositifs.

Tout d’abord, il souhaite relancer le « plan emploi » initié sous le quinquennat précédent et qui s’est révélé un échec sous la conduite de la Mission interministérielle aux rapatriés.

Ensuite, il entend privilégier la promotion des enfants de harkis en mettant en avant certains d’entre eux, qui peuvent servir d’exemples positifs, afin de rétablir l’égalité des chances dont ils ont été privés à l’origine et pour favoriser des évolutions de carrière.

Enfin, il entend faire bénéficier les enfants de harkis des mesures de droit commun, à travers notamment les emplois d’avenir et les contrats de générations.

4 - La libre circulation et les relations entre la France et l’Algérie

La libre circulation des harkis entre la France et l'Algérie est une question importante, qui touche la dignité humaine. C’est pourquoi, il se propose, en relation avec le ministre des affaires étrangères, de faire lever les blocages qui restreignent cette liberté de circulation.

Il compte sur un éventuel voyage officiel du président de la République en Algérie pour  rappeler toute l'importance que la France attache à ce dossier qu’il souhaite faire avancer en mettant en avant le principe de la réciprocité.

…tout en suggérant une méthode de travail.

Le ministre a en même temps proposé une méthode de travail pour une meilleure efficacité des actions en direction des harkis.

Tout en regrettant que le dossier des harkis soit éparpillé entre plusieurs ministères, il envisage, pour une meilleure articulation des politiques, un regroupement des attributions et des moyens consacrés aux harkis.

Il souhaite par ailleurs associer pleinement le monde associatif pour définir des priorités et faire aboutir quelques dossiers essentiels, sachant qu’il est impossible de tout mener de front.

Il souhaite également, dans un souci d’efficacité, revoir les missions et le fonctionnement des services et organismes tels que la Mission interministérielle aux rapatriés ou la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie, qui n’ont pour l’heure pas donné satisfaction.

Enfin, le ministre a exprimé la nécessité de désigner au sein des préfectures un interlocuteur privilégié pour s’occuper notamment des questions d’emploi.

 

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 16:31

Le Président de la République a reconnu officiellement, et bien tardivement, lors d’un discours à la préfecture de Perpignan, la responsabilité historique de la France dans l’abandon des harkis en 1962. Il a notamment  déclaré : « La France se devait de protéger les harkis de l’histoire, elle ne l’a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l’histoire, c’est cette responsabilité que je suis venue reconnaître ici à Perpignan ».

Cette reconnaissance est  incomplète car elle fait l’impasse sur le massacre des harkis, les conditions de leur accueil en France et l’échec de leur intégration dans la société française. Elle est aussi tardive : elle vient cinq ans après la promesse faite en 2007 de « reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis ». Et surtout, elle vient bien après les déclarations de François Hollande qui avait permis à plusieurs associations de harkis de s’exprimer avant de s’engager dans la presse et dans un message aux associations de harkis daté du 5 avril dernier « à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées dans des camps en France ».

La droite, classique et extrême, a longtemps cru que le vote des harkis lui était acquis au point de se dispenser de tenir ses promesses de 2007 et d’oublier que la gauche peut aussi s’engager et faire mieux et surtout que les enfants de harkis sont plus enclins à voter à gauche qu’à droite.

Dans ces conditions, comment les harkis peuvent-ils croire que la déclaration du chef de l’Etat est sincère alors qu’elle n’est dictée que par des considérations purement électoralistes : ne pas laisser le champ libre au candidat socialiste ?  

Comment peuvent-ils faire confiance à quelqu’un qui avait cinq ans pour reconnaître à travers une loi la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis, et l’échec de leur intégration dans la communauté nationale ?

Comment peuvent-ils voter pour quelqu’un qui a attendu le dernier moment pour ne tenir que partiellement une promesse faite il y a cinq ans ?

Aujourd’hui, la situation est claire et nul doute que les harkis et leurs enfants sauront faire le bon choix.

 

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 19:23

Nous publions ci-après un communiqué de presse de plusieurs associations d'anciens harkis reçues le 2 avril 2012 au QG de campagne de François Hollande. D'autres associations auraient également pris contact avec le candidat socialiste pour présenter  leurs revendications. Nous invitons vivement toutes ces associations à se regrouper pour mieux se faire entendre.

Saïd Balah

 

"Le 2 avril 2012, une délégation d’associations de harkis a été reçue par Stéphane Le Foll, membre de l’équipe de campagne de François Hollande.

Cette délégation, composée d’une dizaine de représentants d’associations d’anciens harkis (AJIR pour les harkis, ADIFRA 37, Aurès, Générations Mémoire Harkis, AJIR Roubaix, AJIR66, Association des Harkis de Meurthe-et-Moselle, 2ID-Harkis du Loiret…) a rencontré M. Stéphane Le Foll pour lui faire part des revendications des harkis et de leurs enfants.

Quatre sujets essentiels ont été évoqués :

1 - La reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis, et dans l’échec de leur intégration dans la communauté nationale

Après le 19 mars 1962, les membres des formations supplétives ont été désarmés et abandonnés à la vindicte du FLN. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux (entre 80 000 et 150 000 selon des sources officielles) ont été suppliciés et massacrés alors que l’armée française était encore sur place.

L’Etat français est responsable de ces massacres : il a formellement interdit le rapatriement des harkis et menacé de sanctionner tous les officiers qui enfreindraient les ordres et viendraient en aide aux harkis et à leurs familles. 

A leur arrivée en France, les rescapés ont été relégués dans camps et isolés pendant de nombreuses années, empêchant toute intégration économique et sociale et privant leurs enfants de toutes les chances de réussite.

Pour ces raisons, les associations demandent à l’Etat français de reconnaître sa responsabilité dans l’abandon et le massacre des harkis après le 19 mars 1962. De même, l’Etat devra reconnaître sa responsabilité dans l’échec de leur insertion dans la communauté nationale et réparer les préjudices dont ils ont été victimes.

2 - Justice (injures et diffamations)

L’article 5 de la loi du 23 février 2005 ne permettait pas de sanctionner les injures ou diffamations faites aux harkis ni aux associations de se porter partie civile. La loi du 7 mars 2012, censée modifier les dispositions de la loi 23 février 2005, ne semble pas plus efficace.

Certes, elle fait référence à la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, mais elle occulte totalement la référence aux harkis et à leurs familles, et la protection des formations supplétives est apparemment insuffisante pour que la justice puisse sanctionner ceux qui diffameraient les harkis.

Les associations d’anciens harkis demandent donc une protection effective « d’une personne ou d’un groupe de personnes » que sont les harkis et leurs descendants telle que votée par la loi du 23 février 2005. Un simple décret précisant l’application de l’article 5 de la loi du 23 février 2005 dans le cadre de la loi sur la presse comblera l’absence des sanctions à infliger.

3 - L’histoire et le devoir de mémoire

L’histoire des harkis, occultée ici ou falsifiée là-bas, est aujourd’hui encore méconnue. La Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, qui avait pour objet de faire la vérité sur ce conflit, n’assume pas correctement son rôle en raison notamment de son fonctionnement et de sa composition.

Les harkis demandent que cette Fondation contribue davantage à rétablir la vérité sur la guerre d’Algérie et en particulier à une meilleure prise en compte de l’histoire et de la mémoire des harkis et que ces derniers y soient pleinement représentés et associés.

Les harkis rappellent par ailleurs leur opposition au 19 mars comme journée de  commémoration de la fin des combats en Algérie : cette date signifie pour plus de 80 000 d’entre eux le début d’une longue tragédie.

Ce n’est qu’à ce prix que les blessures de l’histoire pourront se cicatriser et la marche vers la réconciliation devenir une réalité.

4 - La promotion des enfants de harkis

A leur arrivée en France, les harkis ont été installés dans des camps, des hameaux forestiers ou des quartiers isolés. Ils ont été abandonnés une seconde fois et leurs enfants n’ont pas pu bénéficier de toutes les chances pour réussir économiquement, socialement et politiquement.

L’Etat français est responsable de cette situation et se doit de réparer en mettant en œuvre une politique courageuse et volontaire pour rétablir l’égalité des chances dont les enfants de harkis ont été privés.

Echaudés par des promesses faites lors des précédentes campagnes présidentielles, les représentants des associations ont demandé un engagement public et écrit du candidat socialiste.

M. Stéphane Le Foll a indiqué qu’il soumettra ces revendications au candidat socialiste qui fera une réponse écrite. Il a néanmoins admis que les revendications exposées sont légitimes et raisonnables, et proposé de constituer rapidement un groupe de travail afin de préciser certains points et mieux éclairer le candidat socialiste sur la situation et les attentes des harkis.

Dans l’immédiat, il s’engage à répondre par écrit aux associations, avant le premier tour des élections, tout en proposant une rencontre avec François Hollande entre les deux tours".

 

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 10:50

Le 5 octobre 1961, la préfecture de Paris décide un couvre-feu interdisant aux Algériens de sortir le soir. En signe de protestation (ou de provocation ?),  le FLN demande aux ressortissants algériens de manifester dans Paris le soir du 17 octobre 1961, sous-estimant naïvement la portée politique de cette interdiction et ignorant les risques encourus par les manifestants.

L’affrontement est donc inévitable et la police réprime dans le sang la manifestation, entraînant la mort de plus de 140 Algériens.

Aujourd’hui, des voix s’élèvent en France pour dénoncer cette tragédie et exiger que cette date soit inscrite dans l’histoire de notre pays, sans aucune pensée pour les policiers tués dans les attentats du FLN.

Le 19 mars 1962, les accords d’Evian mettent fin à la guerre d’Algérie et donnent le signal de la chasse aux harkis et aux pieds- noirs : désarmés et abandonnés, ils vont être pourchassés, torturés et  massacrés par milliers : près de 150 000 tués et disparus parmi les harkis et les pieds-noirs.

Pourtant, aujourd’hui peu de voix en France (et aucune en Algérie) dénoncent l’abandon et le massacre des harkis et demandent comme nous le réclamons que la France reconnaisse sa responsabilité dans le drame des harkis.

Est-ce à dire que les morts du 17 octobre 1961 ont plus d’importance que ceux du 19 mars 1962 et des jours suivants ? Est-ce à dire que le contentieux autour du drame des harkis est clos pour les autorités françaises ? Est-ce à dire que l’Algérie est prête à considérer les harkis autrement que des traitres ?

Nous laissons à chacun le soin de méditer ces questions et d’y apporter les réponses qui s’imposent pourvu qu’elles soient objectives.

Bien sûr, toute répression et tout crime doivent être dénoncés et toutes les victimes doivent être honorées. Le devoir de mémoire ne doit pas être sélectif, mais bilatéral pour apaiser et réconcilier les consciences. Et tant qu’il en ira autrement, nous choisissons de privilégier nos concitoyens, et dans ce cas particulier de commémorer d’abord nos morts.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 22:10

La chasse aux harkis a bel et bien commencé. L’ouverture a débuté, de manière discrète le 25 septembre dernier à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux harkis au secrétariat d’Etat à la jeunesse et à la vie associative, et se poursuit le 28 octobre prochain au Sénat par l’organisation d’un colloque sur la richesse des enfants issus de la diversité.

Ce colloque patronné par le ministre de l’intérieur et intitulé « les chemins de la réussite » se déroulera en présence de la secrétaire d’Etat à la jeunesse et à la vie associative. Plusieurs thématiques seront abordées :  « la famille et l’environnement : creuset de la réussite ? », « l’école : la clé de la réussite », « entreprise et réussite » et « politique et diversité ». Des sujets qui ne concernent pas que les enfants issus de la diversité, mais n’importe quel citoyen français.

Cette démarche rappelle étrangement une autre initiative il y a quelques années déjà qui consistait à mettre en avant des exemples de réussite d’enfants de harkis pour mieux détourner l’attention des vrais problèmes.

Aujourd’hui, il s’agit à travers cette initiative de démontrer que les enfants de harkis sont capables, grâce aux institutions de la République, d’accéder à l’école, à l’emploi, à la politique, bref à la réussite comme n’importe quel citoyen français, tout en occultant le parcours chaotique de ceux qui ont connu l’échec après la guerre, le déracinement, les camps de transit et l’oubli. Et indirectement de les culpabiliser en leur faisant comprendre que s’ils ont échoué c’est de leur faute.

Il s’agit aussi de faire oublier les promesses faites et non tenues et surtout  notre principale revendication : la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis.

Elle a surtout (et les harkis ne sont pas les seuls concernés), dans la perspective des prochaines élections, comme objectif de rabattre vers un parti politique les harkis et leurs enfants et de les convaincre avec l’aide de vrais militants de bien voter.

En tout cas, ce colloque permettra à ceux qui l’ignoraient de savoir enfin que la réussite commence dans la famille et à l’école… et peut accessoirement se confirmer en politique…

 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 19:38

Pour la journée nationale d’hommage aux harkis du 25 septembre 2011, les services de l’Etat ont été priés de faire preuve d’imagination pour attirer un maximum de monde à Paris. C’est ainsi qu’en plus des facilités accordées pour faire déplacer du monde, des enfants de harkis (représentants associatifs et particuliers) ont été conviés dans la discrétion la plus totale et au frais de la princesse à une rencontre au secrétariat d’Etat à la jeunesse, avec en prime un accès privilégié à la cérémonie aux Invalides.

Il faut dire qu’exceptionnellement le chef de l’Etat présidait cette cérémonie au cours de laquelle plusieurs médailles ont été décernées (liste au Journal officiel du 23 septembre 2011).

Jusqu’à la dernière minute, nous avons cru que les « nominés », dans un dernier sursaut d’orgueil, allaient refuser d’être décorés.

Mais l’intérêt général n’étant pas toujours la somme des intérêts particuliers, il en a été autrement et les heureux récipiendaires ont troqué leur fierté et notre principale revendication – la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans le drame des harkis – contre une poignée de médailles.

Et non, le sursaut n’a pas eu lieu et c’est fort regrettable ! Personne n’a eu le courage et le geste de Monsieur Serge Carel qui a dit ce qu’il pensait de l’attitude des pouvoirs publics envers les harkis. Et il a parfaitement raison : ce n’est pas de médailles que nous avons faim mais de justice et la justice passe par la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis.

En tout cas, pour avoir publiquement décidé de remettre à disposition de la République votre décoration, sachez Monsieur Carel que vous avez tout notre respect et méritez seul d’être félicité à l’occasion de cette journée nationale d’hommage aux harkis.

Chapeau « l’harkiste » !!

 

 

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 17:49

L’association 2ID-Harkis du Loiret invite les associations de harkis à relayer le communiqué suivant proposant de boycotter la cérémonie du 25 septembre 2011:

 

Communiqué de presse

  

Les harkis du Loiret, comme tous les harkis de France, demandent depuis de nombreuses années que l’Etat français reconnaisse par une loi sa responsabilité dans l’abandon et le massacre des harkis en 1962.

En 2007, ils pensaient être enfin entendus lorsque un candidat à l’élection présidentielle, devenu depuis président de la République, à déclaré solennellement que s’il était élu, il reconnaîtrait la responsabilité de la France dans le drame des harkis.

Quatre ans après, ils déchantent en constatant que rien n’a été fait et qu’ils sont une nouvelle fois oubliés et sacrifiés au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.

C’est pourquoi, ils ont décidé de ne pas participer ni à Paris ni en province à la cérémonie du 25 septembre, censée leur rendre hommage, pour manifester leur mécontentement et rappeler que des promesses ont été faites et qu’elles n’ont toujours pas été tenues.

Ils ne contestent aucunement le principe de cette journée nationale d’hommage aux harkis, à laquelle ils sont attachés et participent chaque année. Ils souhaitent simplement attirer l’attention de leurs élus sur leur principale revendication, la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans le drame vécu après 1962, et exiger que les engagements pris soient respectés.

C’est dans cet esprit qu’ils invitent tous les harkis de France à rester chez eux le 25 septembre prochain et manifester ainsi leur mécontentement.

 

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